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 (cesar) no more wasted time

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AuteurMessage
Lashana Goldington
Lashana Goldington
golden sun

Métier/études : 4e année histoire de l'art, design graphique à côté
Situation Amoureuse : ici et là, amoureuse perpétuelle
J'aime : tout le monde sans distinction
Merci à : blmtr
Mes DC : .

(cesar) no more wasted time  Empty
MessageSujet: (cesar) no more wasted time    (cesar) no more wasted time  EmptyMar 1 Jan - 21:21


C’est comme un rituel : Lashana entre dans la bibliothèque, y trouve les livres qu’elle voulait consulter, les retire de leur étagère. Elle en secoue la poussière, vérifie l’état de ses pages et le glisse sous son bras. Il ne lui faut qu’un instant pour retrouver sa place. Elle s’y est installée plusieurs fois, reproduction parfaite de la même matinée, encore et encore : même chaise, même table, même temps étrange, pris entre le soleil et la grisaille. Même lumière qui semble glisser, chargée de grains de poussière, de la fenêtre à la table. Même tête penchée sur son travail, les boucles brunes, lâches, vaguement décoiffées. Il est toujours propre sur lui, comme Billy. Toujours plongé dans son travail, également, et c’est à peine s’il a semblé remarqué, les premières fois, son arrivée. Aujourd’hui, Lashana porte des offrandes - comme les jours précédents, mais pas tout à fait. Alors elle s’assoit, soulevant sa chaise pour ne pas faire de bruit, déposant ses livres avec délicatesse, avant de faire glisser jusqu’à Cesar un gobelet encore brûlant. Le sucre et la crème ne tarde pas à rejoindre la boisson qu’elle a acheté au café, au coin de la rue, et qu’elle a manqué de renverser en prenant ses livres. Elle sait pourtant que Cesar en aura certainement besoin, s’il veut arriver à travailler toute la matinée.

Les biscuits rejoignent les boissons avant que Lash ne se plonge dans ses dissertations et ses analyses. Le travail s’est accumulé, ces dernières semaines, et il lui semble que les deadlines arrivent toutes en courant, plus proches les unes que les autres. Elle n’en est pourtant pas paniquée : passer des heures à la librairies, penchées sur les iconographies païennes, occultes, ésotériques des derniers siècles lui plaît réellement. Elle note, griffonne dans un coin, dessine quand elle est distraite, joue avec les bracelets de cristaux qu’elle porte au poignet. Elle note encore, griffonne à nouveau, marque une page d’un post-it, y revient à plusieurs reprises, corrige une de ses annotations et affine une de ses analyses. Ce sont les corps des femmes qui l’intéressent, ce matin-là et plus précisément la représentation de celles que l’on dit sorcières. C’est presque redondant, ces derniers temps, mais le thème semble revenir, s’imposer de lui-même, et Lashana a écrit cinq pages avant même de s’en rendre compte. Sa main est endolorie - elle écrit, quand elle a besoin de réfléchir, au lieu d’utiliser son ordinateur. Quand elle lève enfin la tête, l’horloge de la bibliothèque affiche midi passé.

Son regard ne croise pas celui de Cesar. Il est encore penché sur ses chiffres et Lash en profite pour l’observer un moment. Ils ne se sont pas vraiment parlés, ces derniers jours. À vrai dire, ils ne se sont jamais vraiment parlés : elle l’a reconnu par la photo que Billy de son frère et de sa soeur, dans leur chambre partagée. Elle sait qu’il est un peu plus âgé, et qu’il est certainement comme le reste des Osborn : à moitié coincé dans quelque chose qu’ils sont incapables de nommer mais qui a tout à voir avec l’héritage familial. « Si on faisait une pause pour déjeuner ? » Au cours des dernières matinées, ils se sont séparés parfois après le déjeuner, parfois avant, mais n’ont rien partagé de plus qu’un café. Lashana a l’intuition que Cesar est là plus souvent qu’elle, qu’il fait de plus longues heures et qu’il n’a guère le temps de profiter du soleil qui, enfin, a pointé le bout de son nez. Lash s’étire, un sourire aux lèvres, et range ses affaires avant de se lever. « Allez, viens, tu as toute l’après-midi pour travailler. Je t’invite. » Elle se tient là, patiente, les mains glissés dans le long gilet qu’elle a jeté sur ses épaules en partant - et que sa grand-mère lui a tricoté. Elle attend et ne bougera certainement pas avant que Cesar ait cédé à sa requête quelque peut incongrue dans leur drôle de relation.
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